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Aux oubliés des Emmy Awards…

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Jeudi dernier, je profitais d’une date propice – le 22 août, un moins pile avant les Emmys – pour me livrer au très inutile mais assez amusant jeu des pronostics. J’y disais tout le bien que je pense de Breaking Bad, de la saison 6 de Mad Men, de Louie, de celles qui sont nominées. Mais toutes les belles séries ne sont pas sur la liste des candidats. Quatre d’entre elles notamment, pourtant des merveilles, assurément parmi les 20 séries les plus fortes du moment, n’apparaissent pas ici. Les statuettes les ont oublié, ne les oublions pas.

Je ne peux pas commencer par autre chose que par Treme. Une seule fois nominée, en 2010, Treme est une série de David Simon. Elle finira donc sans doute sa carrière sans Emmy Awards ni Golden Globes, comme The Wire – quelle plaisanterie… A l’écart du « système », franc, authentique, David Simon n’est pas une bête de concours. Ses séries ne jouent pas sur les émotions faciles, ne « s’offrent » pas aisément aux téléspectateurs, demandent une implication complète de celui qui les regarde. Treme, pour un votant qui regarderait un seul épisode n’y comprendrait rien, s’ennuierait, trouverait ça sans queue ni tête – c’est comme ça que ça se passe, on vote sur un épisode, même si j’ai espoir que les votants regardent un peu plus. C’est que Treme est un miracle de fiction : elle ressemble à la vie. Elle ne commence pas vraiment, elle ne s’arrête pas, elle tourne, elle change, elle observe, elle est faites de petits riens et de grands excès. Elle respire. Son souffle passionné est délicat. Il me bouleverse. Treme est une des rares séries qui ai su me faire pleurer. Elle n’est suivie que par un tout petit public, et va s’en aller discrètement cet hiver. Soyez certain que, pour moi, ce sera une explosion, une second line de toute beauté.

Puisqu’on parle de créateur à fort caractère, parlons de Sons of Anarchy, une autre bête noire des concours. Seule Katey Sagal a su faire mentir la malédiction en remportant un Golden Globe en 2011. Kurt Sutter, son créateur (et le mari de Sagal) s’en tape. Il s’en cogne. Il s’en branle même, pour parler avec la même verve que ce scénariste et showrunner à part, bulldozer de la toile, qui moque à longueur de tweets l’hypocrisie et la bêtise du milieu. En attendant, entre deux coups de gueule, Sutter signe un drame puissant, pas toujours génial mais qui fait peu de concessions, assume à fond son identité, et fout certaines des baffes les plus violentes de ces dernières années, dans des scènes à vous retourner les boyaux. Sons of Anarchy a fini, presque malgré elle, par embrasser son statut de rebelle jusqu’aux pays des tapis rouge. Tant mieux, putain de bordel de merde.

Quand on parle d’une nouveauté, il faut toujours prendre des pincettes. On n’offre pas une brouette de statuettes à une série qui n’a pas complètement fait ses preuves. Reste que je m’agace de ne voir nulle part le nom de Rectify dans les nominations. La série de Sundance Channel – par ailleurs créée par un ancien de Sons of Anarchy, Ray McKinnon, le monde est petit – est la plus belle chose que la télé américaine nous ai offerte cette saison. De son histoire lourde, douloureuse, puissamment philosophique et métaphorique, à sa réalisation baignée de lumière en passant par son interprète principal, le bouleversant Aden Young, sans oublier les seconds rôles magnifiques de Abigail Spencer et Adelaide Clemens, Rectify avait plus d’un argument pour apparaître dans les nominations. Sa toute petite chaîne n’est pas une explication suffisante : Top of the Lake, superbe minisérie de Jane Campion, est plusieurs fois citée. Je ne vois qu’une excuse valable : la concurrence est très rude au rayon drames et meilleur acteur dramatique. A moins d’une catastrophe scénaristique, je souhaite que le beau monde des Mad Men, Breaking Bad et consorts lui fasse une petite place l’an prochain…

Un dernier mot enfin pour défendre une comédie qui, si ça se trouve, viendra tenir compagnie à la géniale Louie dans les années à venir, une série qui lui ressemble, avec qui elle pourrait faire un chouette crossover : Legit. C’est peut-être encore un peu tôt pour la couvrir de statuettes, mais l’autofiction de Jim Jefferies est la nouveauté la plus drôle de l’année. Son tort est sans doute de ressembler, de loin, à Louie, à Girls, au Mindy Project, bref à toutes ces (très bonnes) séries d’autofiction. Et d’être la moins connue – enfin, il y a Maron, mais j’aime moins. Jefferies n’a pas la poésie insoupçonnable, la noire subtilité d’un Louis C.K, ni la puissance émotionnelle de certains épisodes de Louie. Mais il est hilarant (voyez aussi ses spectacles, c’est à se luxer les côtes), et livre l’air de rien un portraits d’handicapés fort, avec un sens du politiquement incorrect et de l’humainement correct remarquable. Laissons lui le temps de toucher les votants des Emmys…

Et vous, vous avez des oubliés que vous voudriez défendre ?


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